Quel est le nom de famille le plus ancien de France ? Ni Martin, ni Durand. Il s'agit de Harcourt, famille connue depuis l'an 966, coiffant au poteau la lignée Rochechouard, dont on connaît les ancêtres depuis 876, époque à laquelle ils sont vicomtes de Limoges, mais qui ne prend son nom qu'en 980. Le nom de famille, indispensable au généalogiste qui veut pister ses ancêtres, semble s'être transmis de génération en génération depuis la nuit des temps. Mais il n'en est rien.
L'apparition des noms de famille
Les Celtes ne portaient qu'un nom unique. Les Romains en portaient trois, voire quatre. A l'époque gallo-romaine, deux systèmes de nomination se concurrencaient. D'une part, le vieil usage gaulois du nom individuel unique, parfois suivi de la lignée, constituée du nom du père doté d'une particule (Toutissicnos = fils de Toutissos).
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Ce système latin disparaît sous la double influence des envahisseurs germaniques qui ne portent qu'un seul nom et de l'essor du christianisme. Le nouveau converti reçoit un nom de baptême, unique, censé avant tout "briser les liens avec le passé".
L'évolution des noms de famille
Nous sommes ainsi passés progressivement à un système double, composé d'un prénom et d'un nom de famille héréditaire. Aucune loi n'en a décidé ainsi au départ (en Europe de l'Ouest) : c'est l'usage qui, peu à peu a transformé le surnom utilisé au quotidien en patronyme fixe.
Dans le nord de l'Europe, c'est Napoléon 1er qui a fait basculer les pays annexés dans le système patronymique français. C'est également Napoléon qui en 1808 a demandé par décret aux Israélites de choisir un nom de famille fixe et héréditaire.
Dans les actuels départements d'outre-mer, l'abolition de l'esclavage a entrainé en 1848, l'attribution en masse des noms de famille et fait naître un ensemble onomastique original fort différent. Les esclaves libérés n'avaient pas tous des surnoms et les officiers d'état civil avaient dû faire preuve d'imagination (Titane, Achille, César, Clovis, Salomon, Sibérie...).
Quatre catégories de noms de famille
Les noms qui correspondent à des noms de baptême, noms du chef de famille d'origine (60%). Certains sont toujours perçus comme prénoms (Martin, Bernard...) d'autres n'existent plus qu'à travers les patronymes (Jospin, Rocard, Séguin, Demange...).
Les noms qui désignent un lieu, site d'origine ou de localisation de la famille, soit en matière de provenance (Lenormand, Toulouse...), soit de voisinage (Dupont, Rivière...). Ils sont précieux pour les généalogistes mais comportent beaucoup de faux-amis et d'homonymes.
Les noms qui traduisent le métier du premier porteur du patronyme (Lemarchand, Meunier, Boulanger...).
Les noms qui traduisent un sobriquet. Ils reflètent un lien de parenté particulier (Cousin, Gendre...) de l'ancêtre initial, une particularité physique (Petit, Legros...) ou morale (Courtois, Lebon...) parfois désignée par un nom d'animal (Goupil, Mouton...).
Comment détermine-t-on l'époque d'apparition des noms de famille ?
Une seule catégorie permet de le déterminer, celle qui correspond à des métiers. En effet, lorsqu'on constate qu'un Jean Boulanger est tanneur ou forgeron, l'affaire est entendue : Boulanger n'est plus un surnom individuel lié à la personne, mais le surnom d'un ancêtre transmis héréditairement, en clair un patronyme.
Le sens perdu des noms germaniques
Les noms germaniques avaient pour la plupart un sens évoquant la force, la gloire, le combat... En fait, la langue franque n'a jamais été adoptée par la majorité des gallo-romains et le sens des noms cessa d'être compris mais certains restèrent à la mode. Lorsqu'ils devinrent des noms de famille, ils n'avaient plus aucun sens depuis des siècles. Ils étaient aussi incompréhensibles pour les contemporains de Philippe Auguste que pour nous. Ex : Bernard signifiait "ours fort", Rocard "corneille puissante" et Séguin "ami de la victoire".
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